Portraits d’adhérents #10 : IMFP et Salon de Musique

Le PAM met en avant ses adhérents à travers leur portrait, pour valoriser leurs initiatives et projets innovants !

En novembre, nous mettons en lumière l’IMFP et Salon de Musique : deux acteurs essentiels de la scène musicale régionale. Cyril Despontin, nouveau directeur de l’IMFP, a répondu à nos questions.

(c) Hugues Castan

Quel était le contexte et l’ambition initiale lors de la création de l’IMFP (Institut Musical de Formation Professionnelle) et de Salon de Musique ?

L’IMFP a été créé en 1979 par Michel Barrot, un trompettiste de Jazz de renom ayant joué entre autres avec Michel Legrand et aussi avec la plupart des figures tutélaires de la variété française (Johnny Hallyday, Eddy Mitchell ou encore Claude François : « Alexandrie Alexandra », c’est lui !). Pour la petite histoire, L’IMFP est l’un des tout premiers centres de formation en France dédié aux musiciens et techniciens du spectacle vivant, avec un objectif clair : former des professionnels opérationnels en les plaçant directement en situation, du studio à la scène. A cette époque, il n’existait pas énormément de choses en dehors des conservatoires, ce qui ne permettait pas d’aborder des pans entiers de la filière !
L’Institut s’est doté d’un studio d’enregistrement et d’une salle de spectacle, deux pôles essentiels à la conduite d’un apprentissage à 360°. Années après années, l’IMFP a ensuite élargi son champ d’action à la formation technique, avec la volonté de favoriser un travail collaboratif entre musiciens et techniciens dès la phase d’apprentissage.
Il a été à nouveau l’une des trois premières écoles à être reconnues par le Ministère de la Culture en 2004 et de figurer dans le « Pôle d’excellence » de la Région PACA.
L’Institut est désormais labellisé QUALIOPI (référentiel national en matière de formation, de bilan de compétence et de VAE) et propose des cursus certifiants pour les artistes et pour les techniciens.

Salon de Musique n’a vu le jour qu’ensuite, en 1993, dans l’optique de consolider le principe immersif de l’approche générale de l’IMFP : c’est une association détentrice des trois licences d’entrepreneur de spectacles, qui sert désormais non seulement de plateforme aux stagiaires pour se produire dans des conditions professionnelles concrètes, mais qui revendique pleinement aussi un statut d’entité de production et de diffusion territoriale. Salon de Musique défend donc une programmation régulière ouverte sur le jazz, les musiques actuelles et les musiques du monde en accueillant de nombreux événements culturels extérieurs, ce qui permet aux deux structures de développer un partenariat fécond entre formation, création et diffusion, le tout en participant à mailler le territoire…

(c) Hugues Castan

Quel est aujourd’hui le lien entre les deux structures ? Comment s’articulent leurs rôles respectifs aux services des artistes en formation ?

L’IMFP et Salon de Musique sont deux entités juridiquement indépendantes, mais liées entre elles par une convention de partenariat centrée sur des principes d’interaction dans les mécanismes de diffusion. Cette souplesse permet notamment d’articuler le volet pédagogique au volet professionnel, ce qui bénéficie directement à la fois aux artistes et aux techniciens qui suivent nos formations. Concrètement, ça se traduit par l’intégration systématique d’interventions de stagiaires de l’IMFP dans les concerts programmés par Salon de Musique : les musiciens en formation assurent les premières parties, tandis que les techniciens en formation prennent en charge la sonorisation, l’éclairage ainsi que la captation audio et vidéo. Ce cadre offre une immersion rare dans les réalités du spectacle vivant, le tout en conditions réelles.

En quoi ce « dispositif » est-il un levier fort pour valoriser la scène émergente, et plus largement soutenir les musiques actuelles ?

Au-delà de la pratique, les stagiaires bénéficient de rencontres régulières avec des artistes et des interprètes confirmés, issus de la scène nationale et internationale. Ces rendez-vous constituent un vecteur essentiel de professionnalisation en favorisant non seulement l’acquisition de repères-métier via le partage d’expériences et de pratiques, une meilleure compréhension des dynamiques artistiques actuelles et des schémas de développement professionnel, mais aussi le développement d’un réseau !
Cette interaction permanente entre pédagogie et production (au contact de professionnels confirmés, et par le biais de Salon de Musique) favorise une montée en compétences accélérée, et qui reste en phase avec les exigences du secteur : tout ça renforce la transmission intergénérationnelle, et professionnalise leur démarche artistique.
Quant aux professionnels du spectacle eux-mêmes, ce type d’interactions leur offre également un vivier de talents formés au contact direct du terrain, déjà sensibilisés aux réalités de la scène et des métiers du spectacle vivant, et en phase avec les esthétiques d’avant-garde, les nouveaux courants prescripteurs, voire de nouvelles technologies ou de nouvelles approches créatives : ce cercle vertueux organisé entre formation et filière professionnelle crée donc une interface essentielle à l’enrichissement d’un tissu culturel de création et de pratique.

(c) Hugues Castan

Quels sont les défis que vous rencontrez à ce jour pour continuer à faire vivre cette synergie entre formation et diffusion ?

Le principal défi réside peut-être dans le maintien d’un équilibre pérenne entre les exigences pédagogiques, les impératifs artistiques et techniques, et les contraintes économiques.
Concrètement, il s’agit de faire coexister une activité de formation à haut degré d’exigence, et un espace de diffusion professionnel : ce modèle inédit implique forcément une coordination étroite, une gestion fine des plannings et des moyens, et donc inévitablement, un investissement quasi constant des équipes.
Face à ça, entre la baisse générale des subventions publiques à l’œuvre dans le secteur culturel, les récentes restrictions observées à l’encontre des dispositifs d’aide au financement des stagiaires, et l’augmentation des coûts de fonctionnement liés à la crise générale que nous traversons, l’enjeu soulevé par le maintien de conditions optimales d’apprentissage d’une part, et d’une ambition qualitative de programmation de l’autre, est bien concret : assurer cette double mission — former et diffuser — nécessite la mobilisation de ressources humaines et techniques importantes hélas de plus en plus souvent en tension.
Il faut aussi intégrer le fait que nous évoluons dans un secteur exigeant une adaptation constante : aux nouvelles esthétiques, aux évolutions technologiques, aux transformations des usages du public... La qualité et la pertinence de nos contenus pédagogiques comme de notre ligne artistique en dépendent, tant il est essentiel pour une structure comme la nôtre de rester en prise directe avec le terrain et de coller à ses évolutions pour que la formation reste légitime, moderne et innovante, et que la diffusion conserve son attractivité, et sa dynamique.
En résumé, la question la plus sensible reste probablement celle de la reconnaissance de la fonctionnalité de ce modèle hybride que nous défendons : il est crucial de faire comprendre, évidemment aux partenaires institutionnels mais pas que, à nos stagiaires et aux artistes aussi, qu’articuler formation et scène vivante constitue un levier particulièrement compétitif pour l’insertion professionnelle des jeunes artistes et techniciens du territoire, et que ce couplage participe activement, et très efficacement, à la consolidation d’une filière toute entière ici, dans notre région, sans avoir nécessairement à « passer par la case Paris » !

(Cyril Despontin – Directeur de l’IMFP et Programmateur de Salon de Musique)


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